En créant le groupe IRIAN, de nouvelles synergies se sont très rapidement mises en place entre notre PME et Irian Mecatronics. “Réunir des expertises complémentaires, et coopérer sur des projets importants pour apporter des solutions encore plus performantes à nos clients ; c’est aussi ce qui nous a motivé à rejoindre Irian Technologies” expliquait très récemment Nicolas Cruz, Fondateur d’ACEI Services, devenue Irian Mecatronics. 

Une vision partagée, qui a nous a permis de coopérer sur de nombreux projets, jusqu’à très récemment encore : en effet, au printemps, nous avons confié l’étalonnage des sondes de notre client historique Servier aux équipes d’Irian Mecatronics.La métrologie est une compétence clé d’Irian Mecatronics. Jusqu’à lors, nous proposions seulement le calibrage à nos clients. Grâce au rapprochement avec Irian Mecatronics, nous pouvons désormais proposer une prestation complète” explique Thomas KATZ, Directeur Général. 

Ainsi le projet, mené par Pascal COQUET, régleur instrumentaliste de carrière et passionné de métrologie, prévoit l’étalonnage de 400 sondes au cours des prochains mois. La particularité : l’étalonnage devra être réalisé in situ, à l’Institut de Recherche et Développement de Gif-sur-Yvette – un centre qui compte pas moins de 1000 capteurs de pression, dont environ 300 considérés critiques. 

Interview de Pascal COQUET, expert en métrologie 

Q : Pascal, comment se déroule l’étalonnage d’une sonde ? 

R : Le principe de base d’un étalonnage consiste à comparer les valeurs indiquées par un capteur étalon à celles indiquées par le capteur que l’on souhaite étalonner. Les capteurs en question mesurent d’infimes variations de pression d’air (de -50 à 150 Pa) et sont répartis dans des galeries techniques, ce qui les rend délicats à étalonner in situ où les conditions ambiantes ne sont pas maîtrisées. Parmi les facteurs les plus influents, on notera les variations de pression atmosphérique durant les mesures, la stabilité du générateur de pression, mais également d’éventuelles différences de hauteur entre l’étalon et le capteur à étalonner, qu’il est indispensable de prendre en compte. Le temps d’étalonnage est variable d’un capteur à un autre et dépend fortement de leur accessibilité, parfois en hauteur, parfois caché entre chemins de câbles et canalisations…

Q : Quelle est la différence entre le calibrage et l’étalonnage ?  

R : L’étalonnage est l’action de comparer un capteur, une chaîne de mesure, à une référence afin d’en déterminer les erreurs d’indication et l’incertitude associée. En fait, la définition donnée par le Vocabulaire International de Métrologie (VIM3, JCGM200:2012) va plus loin en ajoutant une seconde étape : la modélisation des résultats permettant de déterminer, quelle que soit la valeur indiquée par l’instrument étalonné, la correction à lui apporter et l’incertitude associée. A ce jour, et malgré que la norme soit applicable depuis plus de 10 ans, peu de prestataires d’étalonnage fournissent cette seconde information à leurs clients ; la société IRIAN fait partie de ceux qui respectent la norme. A noter que l’étalonnage n’inclut aucune action de réglage.

Le terme « calibrage » est un anglicisme qui vient de calibration, qui signifie étalonnage. En France, « calibrage » est couramment mais improprement utilisé pour désigner l’ajustage, le réglage d’un capteur. 

Q : Quels sont les enjeux liés à l’étalonnage d’une sonde ? Pourquoi est-ce nécessaire ?  

R : L’étalonnage permet de s’assurer du raccordement des équipements de mesure, qui est un principe de base en métrologie. En effet, un instrument de mesure est étalonné par rapport à un étalon, qui est lui-même étalonné périodiquement par rapport à un étalon supérieur et ainsi de suite jusqu’au sommet de la chaîne, où se trouve un laboratoire primaire capable de réaliser l’unité de mesure avec une incertitude satisfaisante. Le raccordement apporte ainsi la preuve que l’équipement est rattaché, par l’intermédiaire d’une chaîne ininterrompue à l’unité du système SI. La fiabilité d’une mesure participe donc de l’étalonnage mais pas seulement, car celui-ci fournit une information sur l’état de l’équipement au jour où il est réalisé, mais rien sur d’éventuelles dérives antérieures ou à venir. C’est là que le rôle du métrologue prend son sens : il analyse les évolutions passées sur la base de l’historique d’étalonnage de l’équipement et sur d’éventuelles surveillances ; quant aux évolutions futures, elles sont à estimer en utilisant, par exemple, des méthodes statistiques.

Q : À quelle fréquence convient-il de procéder à un étalonnage ?  

R : La plupart des industriels fixent à 1 an la période d’étalonnage de leurs équipements, ce qui n’a aucun fondement scientifique, seulement une facilité de calendrier. L’inférence statistique mentionnée avant apporte des solutions pour prédire, avec un niveau de confiance défini, l’évolution d’un équipement ou d’une famille d’équipements de mesure et donc, de déterminer une périodicité d’étalonnage adaptée. Le document de référence FD X07-014 propose plusieurs méthodes d’optimisation des périodicités. J’ajouterais également le FD X07-041, dont l’objet est la comparaison inter-instrument, une méthode de surveillance relativement simple et économique. S’il ne permet pas à proprement parler de déterminer une périodicité d’étalonnage, il permet de vérifier qu’un groupe d’équipements de mesure n’a pas dérivé et donc, que leur étalonnage peut être différé.